Le parc national de la Marahoué, est l’un des 8 parcs nationaux ivoiriens. Trésor de biodiversité, il est menacé d’extinction. Chaque action de déforestation témoigne du drame écologique qu’il subit. L’extension des zones agricoles, le braconnage et le développement d’infrastructures, mettent sous pression ce parc et les menaces qui pèsent sur lui sont nombreuses. Pour mieux comprendre son rôle à l’échelle nationale, voici les trois raisons pour lesquelles, cet écosystème devrait être restauré.
Près de 70% du Parc national de la Marahoué occupé par des populations infiltrées
Selon Youssouf Doumbia, président de l’Observatoire ivoirien pour la gestion durable des ressources naturelles (OI-REN), le parc national de la Marahoué est gravement menacé par l’infiltration massive des populations qui occupent environ 70% de sa superficie, en y pratiquant l’agriculture et la chasse.
« Le Parc national de la Marahoué est occupé sur des kilomètres par des plantations de cacao, de café, d’anacarde et de cultures vivrières. Nous avons pu voir dans le parc une école et un édifice religieux », a déclaré Youssouf Doumbia.
Continuant sur sa lancée, le président de l’Observatoire ivoirien pour la gestion durable des ressources naturelles (OI-REN), a révélé que selon les statistiques dont dispose le représentant de la communauté Baoulé infiltrée dans le Parc, « nous avons 75 000 habitants dans le Parc, 30 écoles, 8 502 élèves du primaire, 34 campements, 30 directeurs d’école et leurs familles ».
Pour lui, ces chiffres démontrent à quel point cette aire protégée est agressée. Une agression qui ne date d’aujourd’hui selon plusieurs rapports des organismes nationaux et internationaux qui travaillent dans le domaine de l’environnement.
C’est le cas de DALOGE, la revue géographique de l’université Lorougnon Guédé de Daloa, qui dans son étude intitulée « Ruptures sociopolitiques, migration humaine et conservation de la nature : le cas du parc national de la Marahoué en Côte-d’Ivoire », indique que « les troubles sociopolitiques constituent une porte ouverte à l’infiltration des aires protégées en Côte d’Ivoire », précisant au passage que « ceux de 2002, ont contribué à l’envahissement de plusieurs parcs nationaux par les populations, c’est le cas du parc national de la Marahoué, situé au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, qui figurait déjà parmi les aires protégées les plus humanisées du pays.«
Ainsi donc, selon, le rapport de l’Observatoire ivoirien pour la gestion durable des ressources naturelles (OI-REN) l’état actuel de conservation du parc national de la Marahoué, est la résultante de la conjugaison de plusieurs facteurs : il s’agit notamment des inconséquences des décisions de la puissance publique, la faible conscience chez de nombreuses populations, de la nécessité de conserver le parc et l’insuffisance des moyens humains et matériels destinés à la conservation du parc.
Une vue d’un campement dans le Parc En définitive, en dépit de l’affirmation de son statut d’aire protégée par les autorités administratives, le Parc National de la Marahoué est en danger, principalement à cause de l’ampleur des défrichements agricoles et du braconnage qui s’y pratiquent.
Les responsabilités dans la dégradation de cette importante aire protégée sont larges, s’étendant des populations locales à la puissance publique en passant par les gestionnaires du site.
Le parc national de la Marahoué abrite une biodiversité exceptionnelle
La faune du Parc National de la Marahoué est très riche. Du fait de la présence de deux types de végétation, on trouve dans ce parc à la fois des animaux de forêt et de savane, notamment l’éléphant, le buffle, plusieurs espèces de céphalophes, le bubale, le cobe de Buffon, plusieurs espèces de singes et de mangoustes. L’hippopotame amphibie et les crocodiles sont présents dans le fleuve Bandama qui traverse le parc.
En effet, de par sa diversité d’habitats et de zones humides, le bassin du parc abrite notamment plusieurs espèces protégées en outre des espèces endémiques et en danger comme le cercocèbe enfumé (Cercocebus atys lunulatus), le cercopithèque diane (Cercopithecus diana roloway) et le colobe rouge (Procolobus badius). L’avifaune est très riche aussi bien en forêt qu’en savane.
Autant d’espèces à protéger, sans compter les centaines de milliers d’espèces encore inconnues ou non répertoriées.
De réserve totale de faune en 1956, il a été érigé en parc national par décret 68.80 du 09/02/1968. Il couvre une superficie de 101 000 ha et a pour enjeux, la conservation du milieu naturel, tout en valorisant les potentialités touristiques.
Et sur les 101 000 hectares de superficie du Parc national de la Marahoué, 32 000 ha ont été restaurés par l’action de l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR), soit un peu plus de 30% de sa superficie.
Un engagement des autorités qui dénote de leur prise de conscience du danger que cours le parc national de la Marahoué. Que faut-il faire pour que cette action de l’OIPR ne soit pas un coup d’épée dans l’eau ?
Comment agir à son échelle pour restaurer le parc national de la Marahoué ?
Il est aujourd’hui difficile de rester insensible face à l’ampleur de la déforestation et de la dégradation avancée du parc national de la Marahoué, de la destruction de sa faune et des nombreuses conséquences que ces actions engendrent. Le sentiment d’impuissance ne doit pas l’emporter : des solutions existent et il est encore temps d’agir pour protéger ce parc.
Pour Youssouf Doumbia, président de l’Observatoire ivoirien pour la gestion durable des ressources naturelles (OI-REN), il est impératif de créer un groupe de travail constitué des représentants des différentes parties prenantes locales clés (Infiltrés, OIPR, Corps préfectoral) et des représentants de l’OI-REN, en vue de proposer un plan consensuel de sortie du Parc, des populations infiltrées et une note de plaidoyer pour la restauration intégrale du Parc National de la Marahoué.
A cela, il faudrait associer selon lui, toutes les personnes, institutions ou organisations utiles, en vue de la restauration effective du Parc, tout en élaborant la stratégie de mobilisation des fonds en vue de la mise en œuvre du plan de sortie du Parc, des populations infiltrées.
Surtout que les représentants des communautés Baoulé et celles venues de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) infiltrées dans le Parc ont manifesté la ferme volonté des populations infiltrées de quitter le Parc tout en plaidant pour la mise en place mesures d’accompagnement de la part de l’Etat, à en croire Youssouf Doumbia.
« Le représentant de l’Office Ivoirien des Parc et Réserves (OIPR), les représentants des communautés et les ONG présentes ont également soutenu l’idée de création du groupe de travail multi-acteurs », a-t-il ajouté.
Avec RTI Info dans le cadre du programme d’appui aux médias de la CSCI à travers le projet Benkadi