Le projet Benkadi s’illustre par son intégration systématique du genre et de l’inclusion sociale dans toutes ses activités. Cette approche inclusive pilotée en Côte d’Ivoire par la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI) vise à lutter contre les effets dévastateurs du changement climatique tout en assurant une répartition équitable des bénéfices entre les sexes et les groupes marginalisés pour une meilleure résilience des communautés vulnérables.
Dès son lancement en 2020, le projet Benkadi a intégré une analyse de genre rigoureuse dans ses phases de conception et de mise en œuvre. Selon un rapport récent, environ 45% des participants aux sessions de planification étaient des femmes, une première dans le cadre de projets de développement en Côte d’Ivoire. Ce chiffre marque un tournant important vers une participation équitable et active de tous les segments de la société.
Une approche inclusive dès la conception…
Pour y arriver, la Convention de la société civile ivoirienne (CSCI), à travers les animateurs du projet Benkadi a adopté une approche inclusive dès sa conception. « Nous avons élaboré un document de stratégie qui nous sert de boussole : renforcement de capacités des acteurs (équipe projet, leaders communautaires, partenaires du projet…), sensibilisation des acteurs y compris les couches vulnérables, instauration de principe directeur basé sur une approche de parité ou quotas à défaut, une approche intégrée qui exige la participation de toutes et de tous avec une attention aux personnes handicapées, un partenariat avec les hommes, les leaders et les décideurs… », précise Mme Koné, Experte Genre du projet Benkadi.
Leadership pour l’ accès aux ressources
Le projet a mis en place des comités de gestion inclusifs, où les femmes et les groupes marginalisés représentent 50% des membres. Ces comités ont joué un rôle crucial dans la prise de décisions stratégiques, notamment dans l’allocation des ressources et la mise en œuvre des projets locaux. En conséquence, avec cette approche, plus de 60% des initiatives financées par le projet ont été directement influencées par des propositions faites par des femmes et des représentants de groupes marginalisés. « Le Projet BENKADI est bénéfique aux personnes vivant avec un Handicap dans ce sens qu’elles-mêmes discutent de leurs préoccupations dans le changement climatique à soumettre aux autorités publiques qui prennent des décisions politiques. Ce qui fait la différence est que l’Equipe du Projet BENKADI a fait de l’inclusion du genre une réalité. Nous menons ainsi aux cotés de la Convention de la société civile ivoirienne, le plaidoyer sur notre condition. Cette approche a abouti à la prise en compte des personnes vivant avec le Handicap dans le nouveau code de l’Environnement voté par l’Assemblée Nationale et le Senat ivoiriens ».
Promulgué par le Président ivoirien, le nouveau code, en son article 14 parle spécifiquement des « personnes en situation de Handicap » en remplacement des terminologies « personnes vulnérables, individus et indigènes » utilisées dans l’ancien code.
Effets tangibles sur les communautés
L’intégration du genre et de l’inclusion dans le projet Benkadi a eu des effets significatifs sur la résilience des communautés locales. Mme Yapi Oria Céline qui supervise le projet à Irobo, Djidjikro et Nandibo 2, dans la région des Grands Ponts, se réjouit de l’objectif atteint : « La démarche de la CSCI à travers le projet Benkadi qui allie formation des femmes en ateliers sur des notions de leadership et sur le terrain sur des techniques culturales efficaces comme l’utilisation du compost, est pertinente. Tous ces acquis ont été bénéfiques pour améliorer les revenus des femmes et permettre à celles-ci une meilleure résilience aux effets de la déforestation ou même du changement climatique », souligne Mme Yapi Oria.
Les groupes marginalisés, souvent exclus des processus décisionnels, ont également bénéficié de cette approche inclusive. Par exemple, les initiatives visant à inclure les jeunes et les personnes handicapées dans les projets environnementaux ont conduit à une augmentation de 25% de leur participation dans les activités communautaires. Ibrahim Dosso, Président de la Fédération des Mouvements de Jeunesse de Cote d’Ivoire (FEMAJECI), estime que la collaboration avec la CSCI à travers le projet Benkadi est une expérience enrichissante et bénéfique. « Pour nous, participer à un projet d’une envergure internationale est une opportunité non négligeable en termes d’apprentissage et de formation de nos membres et aussi en termes de responsabilisation de la jeunesse sur des thématiques importantes. Nous avons aussi apprécié l’approche des animateurs du projet Benkadi qui nous impliquent à tous les niveaux de prise de décision, à travers des plans d’actions bien définis et financés avec des deadlines et indicateurs de performances. Ce qui nous permet de nous autoévaluer. ».
Changement de mentalités et Justice sociale
Les témoignages recueillis montrent une reconnaissance accrue du rôle des femmes et des groupes marginalisés dans la gestion des ressources naturelles. Ce changement de perspective est essentiel pour promouvoir une justice sociale durable. Le projet Benkadi en Côte d’Ivoire démontre que l’intégration systématique du genre et de l’inclusion est non seulement possible mais aussi bénéfique pour atteindre des objectifs de justice climatique. Avec des résultats tangibles et des impacts positifs sur les femmes et des groupes marginalisés, le projet Benkadi, tel qu’implémenté en Côte d’Ivoire, peut servir de modèle pour d’autres initiatives futures en Afrique et au-delà. La justice climatique ne peut être atteinte sans une approche holistique qui inclut toutes les voix et assure une répartition équitable des bénéfices.
Réalisé dans le cadre du Programme d’appui aux médias initié par la CSCI à travers le projet Benkadi