Conformément aux dispositions de la loi n°2017-378 du 2 juin 2017 relative à l’Aménagement, à la Protection et à la Gestion Intégrée du Littoral, l’État de Côte d’Ivoire, à travers son Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, a inscrit parmi les cinq réformes majeures pour 2023, « la poursuite de la mise en place d’une Agence Nationale de Gestion Intégrée du Littoral (ANAGIL) ».
Cette agence aura pour principale mission l’exécution de la politique de l’État dans le domaine de l’aménagement, de la mise en valeur, de la gestion durable du littoral, et du contrôle de la conformité des opérations avec les règles et les normes fixées par la réglementation.
Seulement, annoncée pour le mois de mars de cette année, cette agence, depuis 2019 tarde à voir le jour, suscitant l’impatience de certains activistes de la lutte contre les effets néfastes du réchauffement climatique en général, et ceux intéressés par la sauvegarde du littoral.
« Avoir une structure qui élabore et met en œuvre la politique nationale de gestion intégrée du littoral serait salutaire. Pour l’instant, nous constatons que les acteurs impliqués dans la lutte contre l’érosion côtière sont multiples », nous dit Docteur OBOUE Anicet Durand, Coordonnateur National de l’Alliance Panafricaine pour la Justice Climatique (PACJA-CÔTE D’IVOIRE) et Président du Club du Développement Durable de Côte d’Ivoire (CDD-CI).
« Si cette structure centralise toutes les informations, cela nous permettra d’avoir plus vite les données actualisées de toutes les parties prenantes, ce qui aura à coup sur des retombées positives sur les activités que nous menons sur le terrain », renchérit Mme KONOUMI N’Gnamien Pascaline sa collègue du CDD-CI.
Aujourd’hui, la lutte contre l’érosion côtière implique plusieurs ministères et institutions qui travaillent de concert pour protéger et préserver le littoral tels que le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MINEDD), Le Ministère de l’Hydraulique et le Ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et le Ministère de l’Urbanisme.
Cette pléthore d’acteurs peut desservir la cause et constituer un frein à l’atteinte des objectifs. Leur champ d’action étant trop vaste, les problématiques spécifiques à l’érosion côtière ne peuvent pas être traitées à la hauteur des urgences. Vu les conséquences désastreuses de l’érosion côtière et de la menace qui plane sur les 23 253 km2 du littoral ivoirien, soit 7% de du territoire, l’État Ivoirien gagnerait à accélérer la création de l’Agence Nationale de Gestion Intégrée du Littoral comme le réclame également plusieurs programmes et Convention de la société civile tels que la WACA (Programme de gestion du littoral ouest Africain) et la CSCI (Convention de la Société Civile Ivoirienne.
Car, triste est de constater que le trait de côte continue son avancée morbide. Madame Natacha Oula, une habitante de la ville de Jacqueville à fait le même constat : « j’ai aménagé dans la ville de Jacqueville en novembre 2021, et je suis régulière sur les plages du village de Mambé-Eiminkoa. En deux ans, la mer a considérablement avancé. Et la saison pluvieuse de cette année a fait énormément de dégâts matériels ».
Selon le Notable Benoît Djré, « Malgré les campagnes de sensibilisation, les formations et autres actions entreprises, par les autorités de la ville, certains individus s’adonnent toujours à l’extraction frauduleuse du sable marin ; ce qui est un facteur aggravant de l’érosion côtière. ».
Le tableau désolant de cette plage, ce mercredi 26 juillet 2023 avec des dunes de sable sous lesquels sont aperçus des racines de cocotiers dévorés par la mer est insoutenable, des établissements de divertissement n’ont pas été épargné. Ils ont dû refaire leurs clôtures de bois et réaménager leurs espaces. Les pêcheurs ne sont pas en reste, malgré la fermeture saisonnière de la pêche maritime dans les eaux ivoirienne (elle s’étend du 1er au 31 juillet 2023 pour la pêche artisanale et du 1er juillet au 1er août pour les pêches semi-industrielle et industrielle) ils rôdent sur la plage, non loin de leurs ‘‘ bateaux’’ scrutant l’horizon et impatient de prendre le large.
Afin d’éviter que des individus véreux continuent d’user des subterfuges pour exploiter de manière frauduleuse le sable marin, et mettre en danger la vie de millier d’habitants, il faut prendre une série de mesures drastiques. En amplifier la sensibilisation auprès de toutes les parties prenantes, en vulgarisant les lois et dispositions juridiques, il faut également renforcer la surveillance des côtes, et infliger des peines lourdes. Les communautés, avec l’aide des structures compétentes doivent contribuer à la restauration de la flore du littoral (planter des cocotiers et toutes autres plantes pouvant servir de cordon de sécurité). Enfin, les autorités doivent promouvoir les solutions d’adaptation inclusive, en tenant compte des plus vulnérables.
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Kadiatou TRAORE, journaliste à #MediaForChange
Cette Production est une réalisation du Programme d’appui aux médias initié dans le cadre de la mise en œuvre du projet Benkadi pilotée par la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI) avec l’appui le soutien du ministère des affaires étrangères des Pays-Bas”.