De veerkracht van Albino's in Burkina Faso: de moed van Asseta

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Pleine de volonté et engagée dans la quête de meilleures conditions de vie,  Asseta  se bat comme de nombreuses personnes atteintes d’albunisme  au Burkina Faso, pays où la température oscille en moyenne à 41°. La voix quelquefois  submergée par l’émotion, elle tient malgré tout à s’exprimer, car bénéficiaire d’une session de formation sur les changements climatiques  tenue le 31 mars 2022 à Ouagadougou par le projet Benkadi. Titulaire d’une licence en Anglais, Asseta, jeune albinos  est issue d’une famille de sept  (07) enfants dont trois (03) atteints d’albinisme. Stigmatisée depuis son enfance du fait de  sa condition d’albinos, elle en garde encore aujourd’hui des séquelles psychologiques et émotionnelles. Elle nous livre ici un témoignage tout aussi édifiant qu’interpellateur, avec un accent mis sur la résilience, la témérité et l’audace des personnes albinos dans un contexte de réchauffement de la planète.

L’albinisme est souvent considéré comme un signe de mauvais augure au Burkina Faso. En effet, la société perpétue des croyances fort préjudiciables et rétrogrades à l’endroit des personnes atteintes d’albinisme, qui sont souvent mises à l’écart, tournées en bourrique, voire tuées au cours de pratiques rituelles. Comme tant d’autres, Asseta a appris à composer avec l’albinisme, mais elle a dû se battre contre la stigmatisation liée à sa couleur de peau.

C’est avec une poignée de main ferme et chaleureuse qu’elle nous accueille chez elle dans le quartier Dassasgho à Ouagadougou où elle vit avec ses frères et sœurs. « Je vous apporte à boire ?» nous demande-t-elle, après avoir pris le soin de nous installer confortablement.  « A l’école, personne ne voulait s’assoir à côté de moi » précise-t-elle d’entrée de jeu. Et de poursuivre, émue par le souvenir, « même pendant les activités sportives, où il est demandé de faire des groupes, tous les groupes me rejetais…. je me retrouvais toute seule, et parfois en larme ».

Pourtant, tous ces rejets n’ont pas entamé la détermination d’Asseta, qui poursuit courageusement ses études jusqu’à décrocher brillamment en 2020 sa licence d’anglais à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou.  « Je suis fière aujourd’hui d’avoir pu surmonter toutes les épreuves pour réaliser mon rêve d’avoir un diplôme », confie-t-elle. Aujourd’hui, Asseta ambitionne de faire un Master afin d’embrasser une carrière dans la diplomatie ou être interprète dans une organisation de référence. Si Asseta a pu braver les moqueries et les injures de toutes sortes, d’autres personnes albinos par contre n’ont pas eu cette chance. En effet, plusieurs dizaines d’enfants ont été obligés de quitter les bancs, las de  la stigmatisation. Certains d’entre eux passent des journées entières à la maison à cause de la peur du regard des autres.  Autant de blessures profondes enfouies dans leurs subconscients, qui détériorent leur estime de soi.

L’obtention de son parchemin n’est pas le seul gage d’épanouissement d’Asseta.  Comme d’autres jeunes filles et garçons de sa situation, elle est   membre de l’Association des Femmes Albinos du Burkina Faso (AFAB). Cette  association  mène des activités aussi riches que variées, afin de  trouver des solutions aux difficultés rencontrées par les personnes atteintes d’albinisme.

Les objectifs de l’AFAB correspondent aux spécificités du projet Benkadi qui prônent la promotion du genre et l’inclusion sociale, d’où la formation organisée à leur endroit. Pour Asseta, cet atelier de formation des femmes albinos sur les enjeux liés aux changements climatiques dans un contexte de COVID 19 fut véritablement une expérience inoubliable. « La formation m’a permis non seulement de renforcer mes connaissances sur les questions liées aux variations climatiques et leurs impacts sur les personnes atteintes d’albinisme, mais également de recevoir des  conseils pratiques  pour y faire face ». Asseta et sa communauté connaissent mieux maintenant les bons comportements à adopter  et  sont surtout disposés  à  former d’autres personnes sur les enjeux des changements climatiques sur les populations vulnérables et les bonnes pratiques à mettre en œuvre. En effet, la hausse des températures occasionne le développement de maladies telles que le cancer de la peau et les maladies liées aux yeux. Il est donc à craindre que les impacts des changements climatiques influencent fortement la situation des personnes albinos et accentuent les risques de vulnérabilité de cette frange de la population.

Au-delà de la formation proprement dite, avoue  s’être sentie respectée  dans sa différence, et cela a renforcé  sa  confiance en soi. «  Je remercie le projet Benkadi pour cette  attention accordée à notre communauté et aux perspectives nouvelles qui s’ouvrent pour nous », affirme-t-elle pleine d’émotions. L’expérience d’Asseta pourrait être résumée à travers cette phrase de Georges Bernanos  qui stipule que : « pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une nouvelle aurore ».

C’est pour cela que nous interpellons toutes les communautés à faire preuve d’humanisme à travers un changement de comportement à l’endroit  des personnes albinos qui sont humiliées et stigmatisées. Ils sont nos frères, nos sœurs, nos mamans et comptent sur nous pour avoir un avenir meilleur afin de jouir  de leurs vies comme les autres êtres humains à part entière. Leurs droits doivent être respectés et promus à tous les niveaux pour un développement durable et inclusif.

De Victor Komondi
Expert Communication et Plaidoyer
Projet Benkadi Burkina Faso
Mail : victorkom@gmail.com

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